Sur la musique de « El Choclo » de Angel Villodo, arrangement pour guitare de John Zaradin.
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A1
Il se punit le cancre, las à force d’y croire
Qu’il pourra élever son cerveau de passoire
Au-delà de l’image d’un oiseau de passage
Destiné à égayer le reste de sa classe.
B
Luttant toujours d’être de trop l’imposteur,
Celui qui se dérobe, la figure trop pâle,
Au geste peu sûr d’un lourdaud qui bataille
Et qui se prend tout seul Au piège de ses failles.
A2
Il fit le cancre gros de ses noirs tourments
Et s’agite en tout sens tel un sac de linge sale,
Un paquet délavé, déposé sur son banc,
Dans le silence épais des hontes qu’il ravale.
C1
Plein de sa sombre infortune,
Sa voix le trahit et son regard s’embrume,
Un mot de trop et déjà tout s’effondre,
Il doit se taire et se morfondre ;
D
Puisque tout un chacun par jour de malchance
Peut partager du cancrelat l’insuffisance,
de n’avoir plus à se donner trop d’importance
il faut peut être attendre la délivrance .
Il sue le cancre de se savoir si ignare,
D’être cette inconnue qui persiste au tableau
De le mettre au supplice d’en trouver la valeur
Quand les autres ont compris qu’il se noie dans sa rage.
A vouloir faire avec, à paraître de même,
A se fondre au décor jusqu’à vouloir s’y perdre
Pour oublier en vain qu’il traîne sa déveine
Dans le matin chagrin
Qui réveille sa peine.
Il s’en voudra toujours de rester cet enfant
Scellé sans fin sur son seau d’impuissance,
D’être l’accroc qui déprécie la toile
Et le trou dans
Le milieu de la voile .
Il ne sait pas ce qui le tracasse
En attendant toujours que cela se passe,
Et à devoir sans cesse se confondre,
Il se blottit dans la pénombre des décombres.
A quoi bon s’imposer de faire sans rature,
De coller à l’idéal pour se voiler la figure,
Si cancre il y a, que tous y pensent et puis s’élancent,
Sur le fil de sa peur le funambule danse.
Jysseheffe