L’art du filete porteño
» LE FILETE, … OU LE TANGO DESSINÉ «
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Ceux qui nous ont fait le plaisir de venir danser à la Maison du Tango ont pu remarquer le décor de la porte d’entrée réalisé par Sebastian De Neymet. Cet artiste, notamment muraliste, a peint notre entrée à la manière typique du filete porteño, né en même temps et très souvent associé au tango.
Le filete (“trait fin” ou « filet » en français) est en effet lié aux migrations de la fin du XIXe et connait les mêmes évolutions, avec un âge d’or puis un déclin relatif suivi d’une actuelle renaissance.
L’évolution du Filete Porteño
elon la tradition, deux gamins qui travaillaient dans un atelier de réparation donnèrent leur touche personnelle au travail de peinture de charrettes du port de Buenos Aires. Ce fut un succès immédiat chaque propriétaire de charrette souhaitant personnaliser leur outil de travail.L’art du filete était né, la paternité en est attribuée à Vicente Brunetti et Cecilio Pascarella.
Face à une demande croissante les ateliers firent appel à des lettristes français pour la décoration des charrettes car ils maitrisaient la finesse et les formes. Peu à peu la technique du “fileteado” s’enrichit avec l’utilisation de papier calque, de pochoir, etc.
Comme pour le tango, cet art à l’origine populaire fut dans un second temps adopté par les beaux quartiers qui n’hésitaient pas à faire peindre leurs véhicules tirés à cheval. Les camions et bus de transport en commun qui remplacèrent les charrettes servirent ensuite de support à cet art décoratif, la personnalisation poussée des véhicules constituant aussi un bon … antivol ! Le Filete Porteño atteint alors le sommet de son art avec ses codes, son vocabulaire propre et ses artistes renommés.
L’art décoratif du Filete Porteño
es fileteadors trouvent leurs sources d’inspiration dans l’architecture classique (gréco-romaine), omniprésente en Amérique Latine et qui comprend, frises, fresques, ornementations et bas-reliefs, etc.
Outre son style singulier, la principale et fondamentale différence du filete avec d’autres motifs peints vient de la technique qui donne aux motifs, du volume, du relief, des effets d’ombre et de lumière.
Le Filete Porteño, une identité portègne en perpétuelle recherche.
près une période de repli, le filete connait aujourd’hui une renaissance certaine, les artistes actuels cherchant à renouveler le genre en y incorporant des lignes plus abstraites.
Parmi les maestros contemporains, on pourrait citer Alfredo Genovese, Elvio Gervasi, José Espinosa ou Jorge Muscia. Représentatifs de ce mouvement ils ont repris le flambeau et conduisent le Filete Porteño à étendre ses formes sur de multiples supports, allant jusqu’au peintures corporelles (body-painting).
Le Filete Porteño est aujourd’hui un art à part entière que les argentins reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine à tel point que le genre est utilisé dans tout le pays.
Edité par la commission pour la préservation du patrimoine historique et culturel de la ville de Buenos Aires, il est téléchargeable en copiant le lien suivant dans votre navigateur (Attention au format pdf il représente 6Mo – langue espagnol)
http://www.buenosaires.gov.ar/areas/cultura/cpphc/archivos/libros/filete_porteno.pdf
On pourra également se reporter à l’ouvrage de Esther Baruge et Nicolas Rubio « El filete porteño » publié en espagnol par les éditions Maizal (décembre 2004)
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Voir également page suivante un article concernant le travail de Jorge Muscia lors de sa venue à Toulouse en 2012Virginia et José, en 2006
danseurs fileteadosCrédit Photos : essentiellement tirées du document d’Alfredo Genovese déjà cité